Prise en charge du handicap : L'exemple québécois

Ce groupe de directeurs d'établissements médico - sociaux français a été comblé par cette expérience de formation continue hors du commun, alliant des acquisitions de connaissances et des échanges riches avec leurs homologues montréalais.

Avec la création des CI(U)SSS (Centres intégrés (Universitaires) de Santé et de Services Sociaux) en 2015, le Québec a créé le cadre d'une réelle intégration des trajectoires de soins des habitants de ses territoires. Ces 22 groupes intégrés offrent chacun l'ensemble des services requis par la population, soit pour les personnes en situation de handicap l'ensemble de l'offre de prévention, dépistage, diagnostic, évaluation, traitement, suivi, et accompagnement dans la vie quotidienne, de la pédopsychiatrie au secteur médico-social en passant par les services sociaux pour les aspects financiers. Pour les équipes des CISSS , l'objectif est de formaliser le cheminement des usagers présentant une condition clinique donnée, clarifier le rôle des différents services et prestataires de soins impliqués, de documenter l'ensemble du parcours de soins et d'identifier les délais rencontrés ou les bris de service ou de continuité.

Concrètement, pour les personnes en situation de handicap, le Ministère de la Santé et des Services Sociaux a mis en place un ensemble de règles visant à restructurer l'offre de soins et les pratiques : création d'un guichet d'accès, réduction des listes d'attentes grâce à la mise en place d'une priorisation des demandes (à traiter entre 48h pour les plus urgentes à un an) et de trajectoires de soins précisément séquencées.

Les délégués français ont été intéressés par la dynamique créée par la création de cette structure, et par les efforts déployés pour faire évoluer les cultures professionnelles et créer un contexte favorable à la coordination des soins.

Le programme de la mission d'étude leur a fait rencontrer les différents niveaux de responsabilité au sein du système, du Directeur en charge du handicap dans le CIUSSS du Nord-de-l'Ile-de-Montréal au cadre d'un service d'intervention intensif pour les enfants souffrant de déficience intellectuelle et/ou autisme avec d'importants troubles du comportement associés au Centre Miriam en passant par la responsable du Centre de Réadaptation Marie-Enfant du CHU Ste Justine.

Tous expriment les challenges liés à cette réorganisation fondamentale et leurs efforts pour réellement améliorer la coordination des parcours de soins des personnes en situation de handicap tout au long de leur vie.

La visite du Complexe Gaumont, un centre d'hébergement accueillant 25 adultes souffrant de déficience intellectuelle et/ou autisme avec d'importants troubles du comportement associés leur a donné une vision concrète des enjeux liés à la désinstitutionnalisation, une orientation également poursuivie en France. Leur conclusion est que la transition de ces usagers vers un milieu plus ordinaire est possible à la condition d'un investissement fort (pouvant aller jusqu'au 1 pour 1) pour leur enseigner les compétences qui rendent la vie sociale possible. Le financement de ces dispositifs de suivi et de coordination est également indispensable pour soutenir les structures accueillant des personnes aux besoins importants.

Ce nécessaire appui a également été souligné par le Conseil Québécois des Entreprises Adaptées ainsi que par ses membres, les entreprises AXIA et AFFI, qui emploient des travailleurs en situation de handicap. C'est en travaillant conjointement dans le temps que les jeunes et adultes souffrant de déficience intellectuelle et/ou autisme ou de déficience physique peuvent intégrer la société dans de bonnes conditions.